Tuesday, December 9, 2008

L'Histoire en Ligne du Tabac


C’est en Amérique que le tabac puise ses origines il y a plus de 3000 ans, en témoignent d'anciennes pipes découvertes en Amérique du Sud. Alors très populaire chez les Incas et les Aztèques pour communiquer avec les esprits, atteindre une sorte d'ivresse, apaiser les douleurs et la fatigue, le petun (nom indigène désignant le tabac) était fumé notamment lors des fêtes et cérémonies religieuses. Christophe Colomb qui le découvrit dès son arrivée à Cuba, fumé sous forme de long tube appelé "tobago" ou encore chiqué, ramena en Europe des feuilles et des graines. Le succès fut immédiat.

Les Européens lui prêtèrent de nombreuses vertus thérapeutiques comme la guérison de l’asthme, de la toux... En 1556, le Père André Thévet, de retour d'une expédition au Brésil, acclimata les premiers plants dans son jardin en Angoulême. Mais c'est à Jean Nicot, ambasadeur de France à Lisbonne, que l'on doit d'avoir promu l'usage du petun aurès des élites. Alors vendu sous forme de poudre par les apothicaires, il en envoya à la reine Catherine de Médicis pour calmer les migraines de son fils. Très vite on ne parla plus que de l'herbe de l'abassadeur, lui donnant les noms de Nicotiana, d'herbe à Nicot, d'herbe à la Reyne,...

Longtemps utilisé à seules fins médicinales, le tabac fut au fil des siècles de plus en plus consommé par plaisir. La pipe, autrefois utilisée lors des rites chamaniques des anciennes peuplades ou à l'administration du tabac comme remède, devint la compagne des grandes discussions. On prisait également le tabac ou encore fumait le cigare. Profitant de ce commerce très lucratif, le Cardinal de Richelieu instaura le premier impôt sur le tabac et Colbert en fit un monopole d’État.

Peu à peu, ses vertus thérapeutiques furent mises en doute et de nombreuses personnes influentes comme le roi Jacques premier d’Angleterre s’opposèrent à son utilisation. Même le pape Urbain VIII en 1642 en interdit sa consommation sous peine d’excommunier ses utilisateurs. Cependant, malgré ses détracteurs, le tabac trouva avec l’industrialisation et la création de la cigarette en 1843, un nouveau souffle. Cette nouvelle forme de consommation marqua le début de l'expansion mondiale du tabac.

Finalement très récente, la cigarette ne fut pas la seule façon de savourer le tabac. Tout le monde ne le fume pas d’ailleurs comme le tabac à priser ou à chiquer. Dans le premier cas, le tabac est positionné entre la lèvre inférieure et la gencive, sans mastication, durant environ trente minutes. Quant au tabac à chiquer, il est placé entre la gencive et la joue et peut être mâché pendant des heures !

Autre plaisir, cette fois-ci avec fumée, la délectation d’un bon cigare. On les doit à Christophe Colomb qui ramena de Cuba en 1492 ces feuilles de tabac roulées appelées « Cohiba », les ancêtres de nos fameux cigares. Aujourd’hui, ils sont composés de trois parties, la tripe, la sous-cape et la cape qui est la peau du cigare. On note plus de 70 nuances de cigares et surtout, ne vous fiez pas à la couleur de la cape qui, même si elle est de couleur très claire peut être forte.

Comme autrefois, la pipe est aussi très populaire. Les indiens d'Amérique du Nord l’utilisaient comme calumet ; la fumée du tabac était sacrée emportant les prières au ciel. La pipe est composée de 2 parties, le fourneau qui contient le tabac et le tuyau. Le plaisir d’une bonne pipe dépendra de son remplissage qui doit être suffisamment tassé.

Au moyen Orient et en Asie, c’est la narguilé ou shisha qui est l’objet traditionnel le plus répandu pour fumer. Aujourd’hui, on en trouve un peu partout dans le monde, même comme objet de décoration. C’est une sorte de grande pipe avec un tuyau où l’on aspire le tabac. Le narguilé ne brûle pas directement la substance à fumer, le tabac est humidifié ou comporte des humectants pour être consumé lentement.

Un professeur de chimie de l'Ecole de Médecine de Paris du nom de Louis Nicolas Vauquelin, découvrit en 1909, un principe actif azoté dans les feuilles de tabac. Grâce à ses recherches, la nicotine fut décelée quelques années plus tard dans le tabac. On sait aujourd’hui qu’elle représente environ 5% du poids de la plante et que le tabac est la seule plante en contenant de la nicotine.

La nicotine agit directement sur le cerveau au niveau d’une région appelée noyau accumbens et liée au plaisir. À basse concentration, elle stimule notre système nerveux. À haute dose, elle provoque des nausées et des vomissements puis la mort par paralysie respiratoire.

L’effet est très rapide : 7 secondes pour aller des lèvres au cerveau. Celui-ci réagit en produisant des endorphines comme la dopamine qui vous mettent sur un petit nuage.

Contrairement aux autres drogues, la nicotine ne perturbe pas la vie sociale – elle fut même pendant un temps un élément socialisant. Elle ne provoque pas de comportements atypiques, touche toutes les couches sociales et professionnelles… Elle n’en est pourtant pas moins une drogue dure et son accoutumance est très rapide. La nicotine est d’ailleurs avec la cocaïne et l’héroïne une des trois drogues qui accrochent le plus. 4 à 5 cigarettes par jour suffisent pour créer une dépendance. Ceci à cause des nombreux adjuvants entrant dans la composition de la cigarette et notamment l’ammoniac, un additif permettant l’inhalation de fumée sans provoquer de toux et facilitant l’absorption de la nicotine.



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